Sophie Revault-Golvin

COMMISSAIRE FRANÇAIS
les emprunts réciproques

Les Rencontres d’Art Contemporain dans la Médina de Tunis sont le signe que l’art d’ aujourd’hui, peut trouver une place même dans des lieux où la tradition reste fortement ancrée ; cette coexistence, qu’elle soit plaisante ou dérangeante par le questionnement qu’elle suscite, est enrichissante.
On a l’habitude d’ opposer la tradition à la modernité or ces deux pôles sont nécessaires à la dynamique de la vie faite d’abandon, de conservation, de mémoire et d’emprunts.
L’art contemporain, comme souvent c’est le cas dans la vie réelle, apporte des propositions qui échappent au dilemme entre la Modernité et la Tradition, parce qu’il n’a cure de choisir de manière univoque.
Il est, là où il se sent bien ; il prend ce qui lui convient. Il se sert de tout, car tout est possible; une culture se perd un peu pour faire de la place à une autre qui vient, mais quand une nouvelle culture (nouvelle dans ses acquis technologiques), se tourne vers ses racines, elle les donne à voir, là où auparavant elles étaient de l’ "être".
La tradition reste alors le trésor affectif et identitaire, ce qu’il y a de plus précieux, tandis que l’art se trouve être un des moyens de lui redonner vie, avec une authenticité retrouvée, différente, grâce à la distanciation.
Que la modernité fête la tradition ou que la tradition soutienne la modernité, c’est ce que j’ai aimé rechercher et encourager dans la correspondance de la sensibilité des artistes avec les lieux, à travers leur choix, leur appropriation. Mon expérience me signifie que le génie humain d’un lieu imprime un mouvement thématique à lui seul, propre, à l’évidente nécessité ; c’est lui qui induit la réponse, suscite la rencontre.
Créer un événement d’art contemporain dans, et pour la Médina de Tunis, c’est poser d’emblée son immense présence plastique, historique, affective, symbolique et accepter son impact sur la création et la psyché. La Médina, en tant que vrai lieu -Topos- déclenche on le sait, une phénoménologie de l’espace et un " éprouvé corporel " particulier pour le visiteur ; il est courant par exemple d’évoquer l’impression de labyrinthe à son propos, mais c’est aussi une ville dont l’échelle réduite et la beauté appréhendables des monuments, plongent dans un irrésistible émerveillement extatique.
Il reste à dire que la singularité de cette manifestation est le résultat d’ un effort collectif persévérant, une communication à cœur ouvert, un même désir porté haut.
Meriem Bouderbala et moi-même saisissons cette occasion pour exprimer la reconnaissance que nous devons à l’ensemble des artistes pour leur adhésion sans défaillance au projet ;
aux institutions tunisiennes et françaises pour leur soutien et leur engagement permanent ; aux responsables particuliers de chaque monument ; nous n’oublions pas tous ceux et celles qui ont travaillé à nos côtés avec persévérance, prodiguant leurs efforts sans compter, ni nos proches qui par amour ont accepté notre manque de disponibilité...

Sophie Revault-Golvin, Tunis, Sept 2003

curriculum vitae

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